CHRONIQUES

Tender Forever + Mansfield Tya
24 Juin 2008

Enfin, Tender Forever que j'avais accueilli avec enthousiasme lors de la sortie de son dernier opus Wider, est de retour dans sa ville d'origine, pour un soir au moins, loin de son Portland américain de villégiature. L'album, déjà bon sur disque, cumulait les commentaires élogieux en live. Partout où Mélanie Valéra passe, les gens deviennent fans, ou au moins admiratifs devant l'inventivité de la demoiselle, et surtout sa bonne humeur, contagieuse à souhait. Alors qu'il fait encore jour dehors, un agréable public à l'ambiance gazon maudit se répartit dans le Son'Art qui sent bon les grands soirs. Comme d'habitude, Martial Jesus Selector assure les entractes de main de maître, toujours partant pour parler passionnément de la musique qu'il aime. Les surprises ne faisaient que commencer.

En effet, la première partie nantaise de Mansfield Tya alias Julia Lanoë et Carla Pallone s'est rapidement avérée être bien plus qu'une simple première partie. Un duo magique, se passant les instruments comme dans un manège, piano, violon, batterie, basse, guitare, chacune y allant de sa démonstration. A 100% en symbiose, ces deux écorchées vives bouillonnent et jouent un rock mélancolique indescriptible, d'une étonnante violence taciturne. Le duo piano / violon dépasse tout espérance et amène un sentiment d'intimité partagé par le public. Mais plus que tout, et c'est peut-être dommage tant le duo en parait presque déséquilibré, la vibrante voix de Julia domine le show et se vêtit de parures remarquables. Une voix au niveau des meilleures, de Chan Marshall à Beth Gibbons en passant par Shannon Wright. Déjà le morceau Mon amoureuse, chanté en canon, sonne comme un classique et semble concerner de nombreuses personnes ce soir. A suivre de très près en espérant qu'elles sachent apporter cette même émotion sur disques.

A ce moment là de la soirée on se demande comment seule, Mélanie arrivera à nous faire oublier la première partie et à reprendre en main une audience qui a déjà pris cher. Jamais à court d'anecdotes abracadabranteques, sans aucun souci du ridicule, le petit bout utilise tout ce qui se trouve autour d'elle sur scène et recrée petit à petit son univers électro folk lo fi fait de brics et de brocs. Labtop, clavier, guitares, I pod et ukulélé sont tour à tour invoqués non sans oublier les nombreuses interactions avec nous, les intéressés. Poussant même le vice jusqu'à chanter un duo avec son double (?) projeté sur un mur à taille réelle, ou à spanker ouvertement Beyoncé par diapositive interposée. nous sommes bluffés.

On connaît aujourd'hui l'histoire. Repérée par Calvin Johnson, signée chez K Records (Nirvana), en tournée avec Electrelane, Tender Forever n'est pas là pour faire joli. Titres pop sucrés (How many) ou chansons des coeurs brisés (Heartbroken forever), l'émotion déborde, exagère et fait fi des codes musicaux à chaque instant. Comme si sa vie en dépendait, Mélanie s'auto pousse dans ses derniers retranchements, toujours au bord de l'essoufflement, jusqu'au bout du bout du deuxième rappel. C'est ça un concert de Tender Forever, on rit et on s'émeut, sans interruption. Une fois de plus (Gravenhurst, Zombie Zombie, Why...), le Son'Art était ce soir The place to be.

Des oreilles dans babylone

 

Why ?
1er mai 2008

Quand il y a deux mois j'ai appris que Why ? était programmé dans ma petite salle fétiche, je n'avais alors qu'une vague idée au sujet de la formation californienne en question. L'achat compulsif et l'écoute prolongée de Alopecia leur 3ème LP avait doucement fait monter l'excitation en moi, prenant peu à peu conscience du caractère quasi culte (le mot est lâché) acquis au fil des années par son leader, le MC reconverti Yoni Wolf, ancien cLOUDDEAD et co fondateur de l'excellent et exigeant label Anticon (Alias, Dosh, Sole...). Depuis 1998 le groupe à géométrie variable mais familiale s'est appliqué à livrer une poignée d' Ep orientés hip hop mais toujours teintés de de rock indé. Sur le haut du panier, deux LP discrets mais acclamés, l'imprononçable Oaklandazulasylum et le très Wilsonien Elephant Eyelash en 2005. Hors en cette année 2008, grâce à l'une des sept dates programmées en France, j'allais pouvoir me faire ma propre idée et vous rapporter mes impressions.

A première vue le public bordelais semble plutôt bien renseigné, la salle se remplit à vitesse grand V jusqu'à devenir gavée comme une ouaille. La scène indé du cru semble s'être rassemblée et je croise au fil de ma progression épaule contre épaule Mr Botibol, Plim Plim et autres membres de Calc. Le toujours parfait Martial Jesus Selector s'occupe à merveille des interludes et enchaîne sans vergogne titres oubliés de Laurent Voulzy, tubes inter planétaires de Kate Bush et pépites trop peu connues de Sebadoh ou Silver Jews, attisant ainsi la curiosité d'une audience connaisseuse et raffinée, bien que souvent lourdement chargée en pilosité. Pour info, Alopecia étant un synonyme de calvitie, et donc en extrapolant un peu, de peur ressentie par les groupes chevelus de perdre capillarité et inspiration par la même occasion. Et si l'on suit ce raisonnement ce soir, que ce soit sur scène ou dans la salle, il doit y avoir une sacré inspiration.

Passé l'ouverture folk lo-fi sur laquelle je ne m'étendrai pas du bordelais Sylvain alias Dr Cosmos & Friends, le concert peut commencer (pas trop tôt me direz-vous après deux chapitres torturés). D'entrée l'on retrouve la sophistication du son Anticon, d'un goût parfait, en relief, coloré, bouillonnant. Yoni, mis en avant sur la scène, alterne ou combine phrasé nasillard et percus simplistes. Son frère, Josiah, l'accompagne à la batterie tandis qu' Andrew Broden et Mark Erikson échappés de Fog s'occupent de la basse et des claviers. Et petit à petit, sans coup d'éclat tonitruant, le crossover entre pop et spoken word (parfois proche de Beck) fait son effet et l'on comprend ce qui rend cette musique si divertissante et variée. Là où Stephen Malkmus (Pavement) vient de sortir un disque rock classique, Why ? joue à fond la carte de la coolitude. La décontraction nerd incarnée.

Mention spéciale à mon voisin de droite, qui en épata plus d'un ce soir là en récitant mot pour mot les textes poétiques et pseudo engagées de Yoni. La set list, exemplaire elle aussi, a forcément taillé sa part du lion dans le dernier opus. The vowels part 2, Good Friday, These new presidents ou le dernier single The hollows sont déjà exaspérants de qualité et de maîtrise. Ce disque, bien produit (euphémisme!) et accessible, offre des schémas mouvant sans cesse, chaloupés, évoluant de satyre gangsta en soul kitch et jouissive. Pourtant moins smilesque que son prédécesseur, je pense que l'on peut parler de coup de génie. Et lorsqu' après le rappel syndical, les lumières se rallument et Martial balance un bon Dan Deacon, je n'ai plus qu'une seule envie, courir chez moi, me passer le disque en boucle et surtout vous y inciter.

Des oreilles dans babylone

 

Les Malpolis
08 février 2008


Vendredi dernier, le Son'Art accueillait les Malpolis pour le deuxième épisode des Concerts à suivre. Le concept est simple : accueilli dans une douzaine de salles en France, trois fois dans l'année, le groupe revient sur les évènements qui ont fait l'actualité des mois précédents. Une sorte de revue de presse musicale, oscillant entre cynisme et autodérision. Si les Malpolis ont une conscience politique affirmée, ils savent également que « passé 30 ans, c'est un peu tard pour être révolutionnaire ». Et c'est sans doute pour cela qu'ils parviennent à ne pas tomber dans la chanson moralisatrice, travers bien trop répandu des groupes qui se veulent politiquement engagés et polémiques. Au contraire, leur spectacle relève plus de la proposition, du portrait, du reflet de la société dans les médias. Quelque part entre cabaret et feu de camp, le spectacle s'installe progressivement. Sans ménagement et sans condescendance, tous les sujets sont abordés : Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux bien sûr, mais aussi le chômage, la vieillesse, les altermondialistes, les fils et filles de... Au bout de quelques minutes, les premiers rangs se sont assis à même le sol. Le bar est déserté. Le public sourit. Il est séduit.

Quelques extraits vidéos des premiers Concerts à suivre sont visibles sur le site des Malpolis (www.lesmalpolis.com) en attendant le troisième rendez-vous qui devrait avoir lieu au mois d'avril-mai. A suivre donc...

Clémence Rouat
http://www.trentetroistours.com

SUBTLE
24 mai 2006

Les spectateurs présents ce soir-là ne tarissaient pas d’éloges à la sortie du concert de Subtle, louant la perspicacité de l’équipe du Son’Art (depuis la disparition du regretté Zoobizarre, on a si peu la chance de voir jouer à Bordeaux les étoiles du hip hop underground) et l’extraordinaire performance délivrée par les californiens.

Borderline à la perfection, totalement fantasque, la bande de Jel et Dose One souffle un vent d’air frais sur la scène hip hop internationale, révolutionnant le genre à tel point que l’on serait bien en peine de décrire leur musique… comme souvent chez Anticon, où les deux hommes avaient déjà créé la surprise avec le projet Themselves. Un improbable mélange de flow hip hop, d’instrumentations jazz et d’esprit punk, une mixture détonante et étonnante, capable de clouer au sol les plus sceptiques et les plus réfractaires au genre. Et l’on en vient à se dire que le hip hop devrait toujours avoir cette couleur et cette odeur de souffre… mais était-ce vraiment du hip hop ? Après tout, qu’importe. Subtle est un groupe hors norme, et ce concert restera longtemps en mémoire…

Jonathan Hénault

 

NERVOUS CABARET & PEOPLE ON HOLIDAY

Ce soir là est l’occasion de découvrir sur scène l’une des formations Rock les plus intrigante et excitante du moment. J’écris Rock, mais définir strictement ce que jouent les 6 de Brooklyn relève de l’impossible, tant leur musique oscille entre Folk tranquille, montées nerveuses et mélodies uniques, tant l’histoire qu’ils racontent leur est propre.

La première sensation est vocale. Le groupe attaque à l’unisson en chœur, et tout de suite on comprend que ça palpite dans les poitrines de ces gars là, qu’un gros cœur cogne fort derrière l’électricité qui, déjà, a empli la salle. Le chant, nous bloque un long moment, on est saisi de la foule d’émotions qui y passe. Des phases lyriques, parfois arabisantes, de la poésie déclamée d’une voix incroyablement douce et posée à l’énervement le plus absolu et brutal il n’y a souvent le temps que d’une infime mais intense étincelle.

La seconde sensation, c’est la saveur des basses du tympan, petite trouvaille du groupe, percussion d’orchestre jouée ici par le batteur, dont le son modulable prend aux tripes, se fond aux harmonies du bassiste, donne une assise et une intensité aux morceaux, tout en leur permettant un plus grand dénuement.

Alors les cuivres, jusqu’ici très atmosphériques et tout en souplesse, explosent, éruptent, à l’image de ces compositions volcaniques, en puissantes montées, qui après de longues plages presque pop, jouant avec les frustrations, grimpent en pression et embrasent un public nombreux, et touché en plein cœur. On peux croire par moment à des réminiscences Led Zep ou Cake (pour les cuivres), mais on est surtout marqué par l’originalité de Nervous Cabaret, par son besoin total de liberté exprimé et communicatif, par son énergie et sa sensibilité, un groupe qui se raconte sur scène et captive. Inclassable et excitant.

On notera également ce soir là l’impeccable prestation en première partie de People on Holiday, au son Rock tout en dissonances et en électricité, aux structures désaxées et prenantes, porté par une voix au timbre qui parfois rappelle un certain vairon bien connu. Original, frais et ouvert, ce gro upe prouve que Bordeaux reste une pépinière Rock.

C’était le 9 mars 2006 au Son‘Art

 

NUDE

Une Profonde Inspiration
On Ferme Les Yeux
Un songe...

On se laisse flotter, confortable, paisiblement engoncé dans l'un des accueillants canapés de velours de ce cabaret onirique, tirant négligemment sur l'un de ces énormes cigares, sirotant un grand whisky hors d'âge, alors que d'autres attablés au loin, à l'oreille, refont leur monde musical.

On expire

On ouvre les yeux.

Un souffle, un rêve vient de rendre tout ça différent.
Ce battement, cette pulsation, c'est Nude.

On clot à nouveau les paupières, nouvelle inspiration,
A nouveau un souffle vient, là, prendre
Et souffle,
Encore.

On avait pas encore remarqué que là-bas derrière, au fond, derrière la dernière des tables crépite un feu. Plus on approche plus il réchauffe. C'est toute la chaleur de la contrebasse, toute l'électricité des situations Rock, toutes les frontières que Nude ignore qui viennent de s'embraser.
Alors

On se laisse étourdir.

L'air et le feu se rencontrent dans ces compositions douces-amères, où l'expérimental se fait parfois, où silence, intelligence et sensibilité sont évidences. Nude s'impose avec discrétion, ouvre une parenthèse, un moment de suspens.
On y est bien au chaud.

Un refuge.

C'était le 14/02/2006 au Son'Art.

 

GOMM

Comment raconter un concert quand on a soi même pris une énorme baffe, qu'on a eu les yeux pleins d'étoiles face à tant de talent, qu'on a eu le cerveau qui coulait par les oreilles devant tant de classe et d'énergie Rock réunies?? Comment raconter Gomm?

Sur la route qui les mène depuis plusieurs mois déjà sur les plus grands évènements et lieux français (des Transmusicales de Rennes au Printemps de Bourges, en passant par Barbey, l'Olympic à Nantes ou l'Astrolabe d'Orléans, entres autres), Gomm posaient ses flight cases au Son'Art. Sur une scène agréablement baignée de blanc (couleur principale du live, déclinée en néons et éclairage de boule disco excellents), ils sont apparus, beaux, sexys, tout de noir vêtus, chemise et cravate de rigueur. Un timide bonsoir et commençait ce qui allait probablement être LE concert Rock de l'année à Bordeaux. Tout de suite, les guitares hurlent, électriques, foudroyantes, déflagrantes même, servies par un son de façade qui sera tout du long extraordinairement pur et fort. Alors, tous sur la même phase, ils explosent sans round d'observation, les claviers vintage éructent, la basse scie les jambes, la batterie cogne, tout est simplement et durement Rock. L'électricité se propage instantanément dans la salle.

Le groupe enchaîne les titres de son "Destroyed to Perfection" (Pias), la complicité, la fusion des quatre est évidente tant leurs regards, et surtout leur son, sont intimement liés. Gomm joue avec les clichés, et s'en joue avec autant de facilité qu'ont leurs morceaux à imprégner nos cerveaux et nos vies. Refrains carnassiers immédiatement retenus, montées au détour desquelles on se croirait revenir au Manchester de New Order, ping-pongs vocaux dévastateurs entre la classe de la belle chanteuse blonde et l'énergie brutale du batteur, échanges (et parfois même superposition) d'instruments entre le guitariste/clavier et le bassiste, et toujours, encore et toujours, cette débauche d'énergie qui les rend si particuliers , Gomme ne s'épargne rien, donne tout sur scène pour retourner une salle déjà acquise dès les premières secondes.

Il y a du Pixies dans ces morceaux courts et rapides, où un empire entier donne l'impression de s'écouler, il y a du glamour (le groupe ne donnera t'il d'ailleurs pas une excellente reprise du "Call Me" de Blondie), il y a la classe, la musicalité (et de nombreux entêtements très Can) et le son énorme, bref tout ce qu'on souhaite trouver dans les groupes Rock actuels (dont beaucoup on un nom commençant par "The..."), mais il y a autre chose chez Gomm (c'est peut être pour ça qu'ils n'ont pas de "The"...), qui n'existe que chez Gomm. La simplicité, la simplicité musicale et humaine. Le groupe discute sur scène, prend le temps de parler, de sourire, vient dans la salle rencontrer son public une fois le concert achevé, et c'est sûrement dans cette attitude non sophistiquée et non feinte que le groupe parvient à prendre la hauteur salvatrice qui leur donne aujourd'hui plusieurs têtes d'avance sur la concurrence.

Pour ceux qui comme moi n'ont pas l'âge d'avoir connu les grandes heures de l'Hacienda, en fermant les yeux ce soir là, on pouvait sentir les vieux fantômes du club mythique danser dans la salle du Son'Art. Heureux, on vous dit...

C'était le 21/04/05 à Bordeaux.

Kronik by Ewal

 

AÏZELL

Qui a dit que le dub à Bordeaux ne se cantonne qu'aux Impros? En tout cas certainement pas ceux qui ont déjà eu le plaisir de voir Aïzell sur scène dernièrement.

D'abord, on les a cru timides, en formation ramassée sur le petit plateau du Son'Art, mais le temps d'une intro a suffit pour que le groupe prenne son souffle et son envol. Le basse/batterie s'est alors fait pesant, bien gros et lourd, acide même parfois, tout de suite relayé par les dentelles en fil de fer brodées par Peut' (excellent guitariste aux sonorités éclectiques et narratives, du Rock très électrique à la noise bien crade, en passant par l'ambiant hypnotique) et parfaitement huilé par les interventions hautement psychotropes de Chab, à présent seul capitaine des machines du groupe. S'appuyant sur des morceaux aux structures étirées à l'extrême et minimalistes, Aïzell muscle le jeu sur scène tout en conservant la légèreté et le sens de la mélodie qui leur est caractéristique, pour finalement donner un concert aux multiples reflets, autant Dub que Rock ou Electro. C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'ils ont choisi de faire confiance aux très différents Ian (déjà présent sur la première tournée) et Dasha Baskakova (chanteuse russe, également ce soir là en première partie remarquée avec son duo Trip Hop avec Lauren Vörse) pour assurer les parties vocales. Ajoutez à cela le travail énorme de B. Mebrouk, ingé son du groupe qui est loin de garder les mains dans ses poches, pour apporter la touche finale avant décollage complet.

Aux dernières nouvelles, certains (en fait c'est moi !) n'ont d'ailleurs toujours pas atterri.

Venu présenter son nouvel EP One Breath (Slalom Music), le désormais quatuor a transformé l'essai en coup de maître. Se démarquant de leurs illustres aînés Improvisateurs par un son plus Rock, plus électronique et atmosphérique, les quatre d'Aïzell ont sût faire de leur concert un pur moment de bonheur et de communion avec un Son'Art quasi plein et extrêmement enthousiaste.

C'était le 20/04/05 à Bordeaux.

Kronik by Ewal

 

IOTA

Attention phénomène!! Venu se présenter au public bordelais ioTA a étonné et séduit son monde!! Débarqué de sa Bretagne natale avec dans ses valises toutes ses machines, sa fougue, sa dextérité et un danseur mécanique et syncopé, cette petite grosse découverte de l’électro nous a présenté un live Dub to Drum (mais pas que!..) énergique, déroutant par sa qualité sonore, sa diversité, et son inventivité.

Ce qui marque tout au long de ce concert, le petit plus ioTA en quelque sorte, c’est que c’est un live électronique, où l’humain surpasse le numérique, où le charisme du remuant breton s’exprime autant par un chant qui vient des entrailles et arrache ce petit supplément d’âme, que par le Vocoder qui l’enracine dans le son, que par la richesse des textures sonores, des harmonies et des mélodies qui rendent tout différent. L’Anartiste, danseur, en est d’ailleurs l’image organique, palpable. Le tout est porté par une rythmique toujours brillamment massive et intelligente, entêtante et jubilatoire Chaque instant est une surprise, et confortablement bousculé par la lourdeur des basses, on s’abandonne, définitivement convaincu d’avoir rencontré un grand Homme et son petit barnum électronique, un shamman showman magicien des bécanes. Un grand concert, vivement conseillé lors de ses prochaines visites en Gironde.

C’était le 19/04/05 au Son’Art

Kronik by Ewal

 

NOSFELL

Nosfell sur scène c'est d'abord un regard, enfantin et inquiet, perçant et amusé de tout, un regard dans lequel brûle la flamme chamanique de ceux qui possèdent la double vue. D'un regard donc, il transforme son auditoire et peux dès lors enfiler sa 6 cordes.

Les notes s'égrainent, s'envolent, s'agglutinent comme il les sample, et petit à petit se construisent ses mélodies complexes et transparentes comme des sculptures de glace. Puis Nosfell s'approche du micro et commence son incantation. Des bruits, des onomatopées se mêlent aux rythmes ensorcelants sortis de sa gorge. L'ambiance est posée. Alors sa voix cristalline et haut perchée donne au sortilège sa force vitale, son aura mystique. On ferme les yeux, on se laisse envahir tout entier sous le charme. C'est le moment qu'il choisit pour exploser en un chant puissant, grave et rauque (Rock?) qui vient rappeler que c'est avec la flamme qu'on fond le meilleur cristal.

La suite n'est qu'hypnose...

Ill pourrait choisir, en un battement d'ailes, de rejoindre son Klokochazia (île imaginaire dont il trace la carte et conte la vie tout au long de son concert en des saynètes théâtrales et burlesques), il pourrait dans la seconde disparaître, tant il semble composé d'infimes particules magiques, et laisser derrière lui les pauvres terriens que nous sommes nous débattre. Mais Nosfell a choisi de se raconter et d'exprimer son monde intime, et ainsi partager avec le plus grand nombre sa prose étrange (dont lui seul connaît le sens), et sa musique déroutante et enivrante encensée par le violoncelle de Pierre le Bourgeois, alter ego "humain», et premier spectateur amusé et complice des envolées du Klokochazien. Et ce pour le bonheur d'un public, qui fut, ce soir là, extraordinairement répondant et totalement subjugué.

C'était le 24/03/05 au Son'Art.

Kronik by Ewal